Origine

L’Académie de Nîmes a vu le jour en 1682.

Elle est l’une des plus anciennes de France, après l’Académie Française créée en 1635, l’Académie d’Arles en 1668.

Selon Léon Ménard, historien nîmois du XVIIIe siècle, « quelques personnes d’esprit et de savoir, vers le milieu du XVIIe siècle, s’assemblaient à des heures réglées et conféraient sur des propos de littérature. Ce ne fut d’abord pendant l’espace de trente ans qu’un cercle d’amis qui s’étaient choisis… ». Finalement en 1682, Jules César de Fayn, marquis de Péraud, chez qui se réunissaient ces « gens d’esprit », leur proposa d’établir une société littéraire, ce qui fut approuvé par tous.

Dès lors, la première réunion du 28 mars 1682 a permis de fixer le nombre des académiciens résidant à Nîmes à vingt-six tandis que celui des « Académiciens étrangers », plus tard nommés « associés » n’est pas limité. Jacques de la Baume est élu directeur, le marquis de Péraud secrétaire perpétuel. L’évêque de Nîmes, Jacques Séguier de la Verrière qui, par ses interventions à la Cour, avait facilité la création de la compagnie, accepta d’être le protecteur de la nouvelle académie. La première séance régulière se tint le 1er avril. Louis Trimond d’Aiglun fut élu chancelier. Le 29 avril : élaboration des statuts. Le 10 août, Louis XIV signe à Versailles les lettres patentes accordant aux membres de l’Académie française de Nîmes les mêmes « honneurs, privilèges, franchises et libertés dont jouissent ceux de l’Académie française. » Lettres enregistrées au parlement de Toulouse le 27 mars 1683. Le 6 mai, décision de créer un registre des procès-verbaux des séances. Puis, le même mois, la devise « Æmula Lauri » (émule du laurier) est adoptée.

Mission

Les lettres patentes donnent pour mission d’une part l’étude de l’antiquité « pour l’intelligence de ce qu’il y a de rare et de plus obscur dans les débris qui… restent des ouvrages des Romains » et, d’autre part, « l’honneur de joindre la pureté du langage français à la connaissance de l’antique histoire » et de parler « le langage de la Cour, de même que leurs ancêtres parlaient le langage de Rome. »

Des temps difficiles (1685-1752)

Trois ans plus tard, la Révocation de l’édit de Nantes interdisant le protestantisme en France provoqua une crise profonde à Nîmes, ville profondément marquée par la Réforme, et à l’Académie : plusieurs membres s’exilent, les réunions s’espacent ou même s’interrompent. Son activité se réduit jusqu’en 1752 où elle est reconstituée et reprend ses séances régulières.

Le renouveau (1752-1793)

Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, des membres prestigieux illustrèrent la Compagnie : l’historien Léon Ménard, le fabuliste Jean-Pierre Claris de Florian, Boissy d’Anglas, Rabaut Saint-Étienne et, parmi les membres associés, le maréchal duc de Richelieu, le cardinal de Bernis, Lamoignon de Malesherbes, le maréchal duc de Biron, Montgolfier, Chaptal.


Celui qui marqua le plus la Compagnie fut sans aucun doute Jean-François Séguier (1703-1784), homme des Lumières qui reçut en son hôtel nîmois plus de 1400 visiteurs en dix ans (1773-1783), correspondait avec quelque trois cents hommes de lettres et de sciences. Il fut élu Secrétaire perpétuel en 1765 et même Protecteur en 1784. Les séances de l’Académie se tenaient dans chez lui (7 rue Séguier). À sa mort il légua son hôtel, ses manuscrits, sa bibliothèque et ses collections à l’Académie.

L’éclipse (1793-1801)

Se méfiant de toutes les associations préexistantes, la Convention nationale décréta en août 1793 la suppression de toutes les sociétés savantes, avec saisie de leurs biens. C’est ainsi que les livres et manuscrits de Séguier se retrouvèrent dans la Bibliothèque municipale et son cabinet d’histoire naturelle au Muséum de Nîmes. Rabaut Saint-Étienne fut guillotiné et trois autres académiciens montèrent également sur l’échafaud à Nîmes.

Renaissance (1802-1914)

Ressuscitée comme Lycée du Gard en 1801, la Compagnie est reconstituée par un arrêté de novembre 1802 sous le nom d’Académie du Gard. Elle assure dès lors sa continuité malgré de brèves interruptions (1813-1816 ; 1870-1871) : de 1805 à 1822 elle produisit 455 travaux ou communications ; 531 de 1832 à 1850 ; 362 dans la décennie suivante. En 1868, elle fixe ses effectifs au nombre actuel. Un décret signé par Thiers la reconnaît d’utilité publique en 1871 et elle reprend en 1878 son titre d’Académie de Nîmes, choisissant le préfet du Gard comme président d’honneur, ce qu’il est toujours. Un décret de 1888, signé Carnot, attribue à l’Académie les statuts qui sont toujours les siens prévoyant notamment 60 membres ordinaires : 36 résidants et 24 non résidants, le nombre des membres correspondants n’étant pas limité. (Statuts de l’Académie du Gard en 1805. Cliquer)

D’éminentes personnalités comptèrent alors parmi ses membres : Guizot, Alphone Daudet, le poète Jean Reboul, le peintre Jules Salles, des archéologues tels qu’Auguste Pelet, Germer-Durand ou Henri Revoil, mais aussi Gaston Boissier, futur Secrétaire perpétuel de l’Académie française, le géologue Émilien Dumas, les mathématiciens Gergonne et Tédenat, l’astronome Benjamin Valz.

Pendant ce siècle l’Académie loua successivement quatre maisons avant d’être hébergée par la municipalité, d’abord dans la bibliothèque de la ville puis, en 1871, dans la maison des Dames de la Miséricorde, rue Dorée.

Une vitesse de croisière (XXe siècle)

Même si l’activité se maintient pendant la « Grande guerre », l’Académie ne fut pas épargnée : le nombre de membres passa de 60 à 47 dès 1915. Au lendemain de la guerre, plusieurs démissions et de nouvelles élections renforcèrent et rajeunirent les rangs.

En 1919 l’Académie trouve enfin un logement stable. Grâce à une souscription, elle acquiert l’hôtel où elle se tient toujours, 16 rue Dorée. Datant du XVIe siècle, l’hôtel de Guiran, résidence de cette famille aux XVIe et XVIIe siècle, appelé ensuite hôtel de La Tour, se trouva hérité par Adrienne Michel qui le vendit à l’Académie. Le 7 juin 1920 se tint la séance d’inauguration. Plusieurs legs permirent à l’Académie de faire face aux indispensables travaux de la vieille demeure et à ses activités : en 1922, M. de Villeperdix fit don de sa bibliothèque et permit de meubler la salle des séances ; en 1963 la générosité du marquis de Lordat autorisa la restauration de l’hôtel et renfloua heureusement les finances de la Compagnie ; le don de l’hôtel Davé enfin, qui permet aujourd’hui à l’Académie d’assurer ses activités.

Pendant tout le siècle l’Académie maintint son activité régulière, même pendant la seconde Guerre mondiale, pour la tenue de ses séances et la publication de ses Mémoires. Parmi les membres honoraires ou non résidants, nous trouvons des noms prestigieux : André Chamson, le duc de Castries, Le Prince-Ringuet, Thierry Maulnier, Paul-Marie Duval, Constantin Vago…

XXIe siècle : l’avenir

Dans cette ligne, faite à la fois de continuité et d’adaptation, il appartient aux Académiciens actuels d’écrire, durant le siècle à venir, ce que sera l’histoire de cette ancienne institution culturelle.

Pour en savoir plus, consulter : Tricentenaire.pdf